Signes d’émergence
Les œuvres de Gilbert Sévigny remontent le cours du temps, s’arrêtent l’instant d’une seconde ou d’un siècle, pour repartir de plus belle dans leur voyage immobile. Musicalement parlant, ce sont des notes suivies de silence. Elles nous apparaissent tissées par la patience comme une toile d’araignée dont le centre vide et ouvert laisse s’écouler goutte à goutte l'éternité.
Ses œuvres se déroulent sous nos yeux au ralenti, comme les manuscrits de la Mer Morte sauvés in extremis de l’oubli. Les archéologues scruteraient à la loupe leurs couches stratifiées afin d’en percer les secrets. Elles sont composées de grains de sable dont on remplit les sabliers et dont le désert fera une oasis. Longtemps elles ont attendu qu’une main (que quelqu’un) leur donne forme. Elle respirent enfin.
Robert Laberge